Soirées littéraires du Bessin – « Le vilain petit canard »

Fêtes et manifestations
ASNELLES
Lecture jeune public "Le vilain petit canard" lu par le comédien Louis Albertosi, figure du théâtre shakespearien. Chacun aura vu, dans les foires aux bestiaux, ces cages pleines de poussins où l’un d’eux, malingre, est poursuivi et mordu sans répit par tous les autres... Cette brutalité instinctive est sans doute plus cruelle que ce qu’Andersen peint dans Le Vilain petit canard ; mais à peine plus, car c’est bien d’ostracisation qu’il s’agit. Celui qui est différent n’est que toléré, et, quelles qu’en soient les conséquences, il sera chassé s’il n’accepte pas de se couler dans la norme ou de se diminuer. Le thème profond de ce conte, dit la critique, c’est « la détresse de l’être solitaire dans un monde qui ne le comprend pas », auquel s’associe « la foi en une heureuse issue finale ». Et, en effet, après bien du désarroi, le petit canard trouvera la raison de sa différence et le bonheur. À mots couverts, Andersen parle très probablement ici de luimême, lui qui, issu d’un milieu d’une extrême pauvreté, sut imposer son nom au Danemark puis au monde entier. Mais c’est bien au-delà du narcissisme de l’auteur que ce conte nous touche. La transposition de la société des hommes en basse-cour marche à plein ; et chacun aura une raison pour se reconnaître dans ce vilain petit canard... Par quel tour de passe-passe, cette identification –bien simplette– est-elle si opérante ? Parce qu’avec un pot de lait et un sac de farine, Andersen, sans avoir l’air d’y toucher, sait convoquer les forces telluriques qui nous constituent. Bien avant Freud, il connaît l’inconscient. Pour preuve, comparez ce passage des Galoches du bonheur à celui de la madeleine de Marcel Proust... Les Galoches du bonheur, Andersen (1849) : « Cette odeur délicieuse, disait-il, comme elles me rappellent celle des violettes de tante Lone ! Eh ! oui ! c’était quand j’étais petit garçon ! Seigneur Dieu, il y a beau temps que je n’y ai pensé ! » Du côté de chez Swann, Proust (1913 – à Combray, chez la tante Léonie) : « Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux) aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents sur ses derrières. »

Tarifs

Tarifs Min Max
Tarif de base5€

Dates

  • Le 18/08/2025 à 15:30

Localisation & Contact

8 Rue Vigor 14960 ASNELLES

02 31 22 83 81

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