Soirées littéraires du Bessin – « Le très-bas »

Lecture de l'œuvre "Le très-bas" de Christian Bobin par le Comédien Louis Albertosi Lors de son entrée en fonction, Jorge Mario Borgolio a fait le choix du nom de François, indiquant ainsi très nettement l’orientation qu’il entendait donner à son magistère : pauvreté et écologie. En référence et révérence, bien entendu, à François, le pauvre d’Assise (le seul personnage, dans la piété catholique, surnommé « la copie du Christ »). La foi de Christian Bobin n’ignore pas les églises ni la majesté de leurs architectures, mais s’ancre ailleurs, loin des marbres du Vatican, dans le quotidien, dans le très concret du réel. « Aux enfants, on apprenait jadis que Dieu est dans le ciel, mais qui leur apprendra que le ciel est sur terre, partout étincelant, dans les choses simples ? », écritil dans Prisonnier du berceau. C’est alors très logiquement que Bobin se défie de l’emphase de Jacques de Voragine, qui, dans La Légende dorée, parle de François d’Assise comme « serviteur et ami du Très-Haut » ; et c’est de façon très cohérente qu’il ne manque pas de souligner que si François d’Assise rendit allégeance, comme il le devait à Rome, il s’en tint néanmoins à distance. À considérer le Christ comme un roi, à voir en l’Église une puissance, on gomme ce qui nous révèle à nous-mêmes ; ce qui, nous dit Bobin, nous met dans la bonne disposition du regard par rapport aux autres –ce qui fut l’enseignement de François d’Assise. Et c’est pourquoi Bobin prend Jacques de Voragine à contre-pied, en intitulant ce portrait (qui tâche de se démarquer des hagiographies), Le Très-Bas. Nombreux sont les commentateurs et les écrivains qui depuis huit siècles se sont penchés sur la figure de François d’Assise. Près de nous, on cite les biographies de Joseph Delteil (d’une sentimentalité débridée, dit-on), celle de Julien Green, ou encore celle –très emberlificotée– de G. K. Chesterton. Avec Le Très-Bas, dans une prose éminemment poétique et d’une fluidité prévertienne, Christian Bobin nous en fait sentir l’ampleur. À l’évidence, point n’est besoin d’être chrétien ni pratiquant pour en reconnaître le sublime. À lire Bobin, si François s’invitait incognito à notre table, nous voudrions le reconnaître !

Tarifs	Min	Max
Tarif de base	14€
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